Trente poèmes courts intercalent l'occitan et le français. Trente poèmes où la langue interroge la langue, où on assiste à un va-et-vient entre les deux langages, sans frontière claire.
La Périgourdine Adeline Yzac n'est pas à son coup d'essai. Depuis Les larmes de mon père (1995) et D’enfança d’en fàcia (1998), on compte plus de trente livres et quatre prix littéraires.
Les mots semblent arriver natruels, sauvages et, comme par enchantement, ils s'apprivoisent, se composent. D'ailleurs, l'autrice le dit elle-même :
le poème voudrait atteindre toucher au point où le mot fait défaut
lo poèma voldriá juntar tocar al punt ont l’i manca la paraula
Une fiction, un récit onirique, une ritournelle... Une expérience de possession ou une sorte de transe chamanique, dit Jean-Frédéric Brun dans la préface.
En tous cas, une écriture poétique, un rythme.
Et une ambiance intime, sensuelle. L'autrice explore et réexplore le désir, le corps.
Au matin il faudra séparer nos bras, quitter le désarmement qui nous a jetés ainsi, nus dans le lit. Et tu verras que ce n’est rien, que ça ne fait rien. Je t’écouterai lire des poèmes à voix haute sur la place du petit café. L’abîme que je traîne avec mes pas, que tu côtoies peut-être, ils ne les auront pas.
Danièle Estèbe-Hoursiangou écrit à hauteur d’humanité. Ce qui ne veut pas dire qu’ici se bousculent les bons sentiments d’une bienveillance fonctionnant trop souvent, à l’heure actuelle, comme une véritable injonction sociale. Au contraire : l’autrice nous plonge dans un drame existentiel – l’inexorable éloignement psychophysique de celui qui fut et reste son unique amour – sans guère nous ménager. Les choses sont dites à hauteur de sentiments mêlés, contradictoires, violents, à hauteur d’une folle lucidité, voire d’une nécessaire pensée magique, sans concession aucune aux modes, aux mensonges de la bonne conscience, et à l’inhumanité rampante d’un scientisme cool qui prétend avoir le dernier mot sur notre condition.
Ce que ce livre manifeste, par son dire original et prenant, par sa force extraordinaire et poussée à l’extrême, c’est qu’en deçà et au-delà de la vérité de la science, toujours seconde, le premier et le dernier mot appartiennent à notre subjectivité, cette vérité existentielle toute puissante qui se confond avec notre vie-même et ne cesse de hanter la littérature et les arts. Un livre qui nous entraîne loin au cœur de la complexité humaine.
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