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Lire la Revue n° 875 en ligne

 L’été arrive avec la chaleur et la revue Reclams du deuxième trimestre. Mathilde Cames nous fait assister à l’arrestation d’Arsène Lupin tandis que Benoit Larradet nous offre une étonnante réflexion inspirée de l’archer maure de la cathédrale de Lescar. L’héroïne d’Anne-Pierre Darrées semble avoir trop fait la fête…

Plus sagement, Maurice Romieu nous entraine dans le magnifique poème de Bernard Manciet, Roncesvals, Joaquim Blasco vers la Tante Julia de Mario Vargas Llosa et Sèrgi Javaloyès auprès de Lanza del Vasto.

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Chemins du vent

SÈRGI JAVALOYÈS

Ce pays, notre pays, adossé aux Pyrénées accueille au cœur de l'hiver une douceur étonnante. C’est vrai que le vent d'Espagne s'installe de temps en temps au Béarn. Il est conquérant et turbulent, parfois humide. Il est libre, absolument libre. Il peut tout de suite s'animer et souffler en bourrasques à nous étrangler de peur. Il peut monter la température, à tel point que nous pouvons croire le printemps arrivé en avance alors que la neige et la glace menacent là-bas loin, au nord. Hier matin, l'air était suave, un pouillot tout seul sautillait sur la branche d'un arbousier. Le ciel était moutonneux, apaisé. Je l'ai regardé, et je me suis vite échappé, en partant vers le sentier sans risques du voyageur immobile. Je ne sais pas pourquoi m'est revenu le souvenir d'une escapade impromptue à Pasaia, le port industriel de Saint-Sébastien. La ville portuaire est bicéphale, à l'est, Pasaia-Donibane, à l'ouest, Pasaia-San Pedro. Elle est scindée par un estuaire incroyable que Victor Hugo considéra en 1843 comme une merveille du monde. Ce jour de février, Hegoa soufflait sans cesse. Nous nous promenions, la pluie menaçait, loin, sur l’horizon assombri. Nous tentions de rejoindre la chapelle des Gascons, au bout de la rade. Une source coulait dans le versant. Nous marchions… L'océan semblait transporté, coléreux. Ses vagues heurtaient sans répit l'entrée de la rade. Elle était vide de toute embarcation. Le vent d'Espagne sera toujours mon ami fidèle. Il me confie ses secrets et je l'en remercie. Quand nous revînmes à la maison, je retrouvai un poème1 que je recherchais depuis longtemps. Je l'avais lu quand j'étais lycéen.

« J'ai ma maison dans le vent sans mémoire,
J'ai mon savoir dans les livres du vent,
Comme la mer j'ai dans le vent ma gloire,
Comme le vent j'ai ma fin dans le vent. »

 

1. Lanza del Vasto, Le Chiffre des choses, Denoël. 

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